Gens braves et braves gens

[Photo extrait du registre de délibération]

Ils faisaient preuve d'une bien grande témérité, les fiers Brugeronnais en s'opposant à la sollicitation préfectorale de rendre aux seigneurs d'Olliergues les terres que la Révolution avait allouées aux gens de pays.

Pugnaces, ils résistèrent à toutes les pressions, bien décidés à prouver leur bonne foi, refusant de légitimer un retour aux abusifs droits féodaux, car ils considéraient acquis définitivement les biens distribués au profit de tous.

Durant le demi-siècle que dura le procès qui s'ensuivit, les charges usuelles d'existence furent d'autant plus lourdes qu'il fallait payer les frais de justice.

Et la vie continua, émaillée des aléas de tous les jours. Quelques-uns prenant une ampleur disproportionnée, telle la bagarre survenue le 1er juin 1851 à l'auberge de Benoît PINON cabaretier qui nécessita l'intervention du Maire PICHOIR Joseph appelé à dresser procès-verbal pour coups et blessures. Qu'importe d'ailleurs le nom des belligérants.

[Photo monument au mort]

Nous pouvons donc penser que nos ancêtres gaillards qui n'avaient pas froid aux yeux ont transmis ça et là à leurs descendants, quelques gènes de coriaces batailleurs propres aux hommes de caractère.

Il doit en rester quelque chose encore aujourd'hui même si la grande faucheuse de la guerre 1914-1918, pour faire un compte rond exorbitant, en a pris 50 d'un coup, dont nous pouvons lire les noms gravés sur le monument aux morts, ceci sans recenser les blessés ou gazés restés plus ou moins valides, quelques fois pensionnés.

Ils méritaient bien un monument et personne ne songea à leur dénier cette marque de reconnaissance; cela fut décidé à l'unanimité.

Source inépuisable de renseignements souvent secrets, Benoît GUILHOT, non sans humour, me conta la petite histoire de l'érection du monument et de la polémique tumultueuse concernant la ferronnerie du portillon de son entourage. En effet s'il était accepté à l'exemple de nombreuses autres communes, de célébrer la mémoire de ceux ayant fait le sacrifice de leur vie au cours de la grande guerre; fallait-il la présence d'une croix surmontant le portillon?

Après bien des tergiversations et des renversements de positions, au dernier moment une voix changeante fit basculer le choix en faveur de la croix.La carte postale, éditée avant la manifestation, destinée à saluer l'inauguration montre indiscutablement un cœur surmonté d'une croix.

Mais la nuit du 6 au 7 août 1921, 4 hommes armés chacun d'une scie à métaux, se chargèrent d'éliminer cette marque confessionnelle.

[photo monument au mort : inauguration]

Malgré ma curiosité aiguisée, Benoît GUILHOT n'en dit pas plus, même s'il me promit pour plus tard la révélation des noms qui devait affirmait-il me surprendre.

L'amputation du métal demeure, sans que personne ne réclame réparation, ce que vous pouvez facilement constater.

Sachez que j'aurais bien aimé pouvoir élucider ce mystère.

[photo monument au mort : inauguration 2]


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